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Anglais intensif en 6e année du primaire...

Dans cette lettre publiée dans Le Soleil, des enseignants réagissent à l'improvisation des libéraux... Et c'est très bien fait! Ils soulèvent un ensemble de questions très intéressantes et tout à fait justifiées au sujet du projet des Libéraux.

Je suis très heureux de lire cette réaction et de constater que certains enseignants, à leur manière, commencent à exiger d'être considérés comme des professionnels. Attention! Comprenez bien ce que je dis... Je constate depuis plusieurs années que les Libéraux minent plus ou moins systématiquement la confiance et la reconnaissance de la population envers les professionnels de l'enseignement en les désavouant, en leur imposant des choses impossibles sans les consulter, en les critiquant ouvertement à l'aide d'expressions qui frappent l'imagination populaire même si elles sont, à la base, erronées, etc. Or, la majorité des enseignants se comportaient déjà comme des professionnels quotidiennement sans vraiment attendre de reconnaissances des parents, des administrateurs et des politiciens. Nous sommes arrivés à un point ou, malgré leur bonne volonté, les enseignants ne peuvent plus compenser les improvisations des gouvernements, les illogismes systémiques, le manque de compétences en éducation des politiciens, etc. Il est temps de les écouter...

Voici donc la lettre de ces enseignants du primaire que j'ai découverte via le blogue du Professeur masqué:

Cette lettre a été publiée sur le site du journal Le Soleil du 9 décembre, dans la section "Point de vue".

URL originale: http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201112/09/01-4476377-a-quand-le-francais-intensif.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_points-de-vue_794_section_POS1

À quand le français intensif?

À tous les décideurs en éducation, en particulier à Line Beauchamp, ministre de l'Éducation

Nous avons pris connaissance du procédurier d'implantation de l'anglais intensif en 6e année. À la Commission scolaire des Découvreurs, il a été prévu que cette implantation se réalise en trois ans.

Considérant que :

  • ce ne sont pas tous les élèves qui sont capables d'acquérir les compétences disciplinaires d'une 6e année amputée de la moitié du temps d'enseignement;
  • que les enseignants de 6e année ont déjà beaucoup à faire pour couvrir tout le programme en un an;
  • qu'on ne sait pas si véritablement une majorité de parents souhaite l'implantation unilatérale de l'anglais intensif en 6e année au primaire;
  • qu'il est déjà très difficile de recruter des enseignants de 6e année étant donné le programme surchargé, les examens du Ministère, les rencontres pour le passage primaire secondaire, etc;
  • que cette décision d'aller de l'avant avec ce projet, sans consulter ni écouter les principaux concernés, c'est-à-dire les élèves d'abord, les enseignants et les parents ensuite, démontre une méconnaissance des besoins réels des élèves et un mépris de l'expertise des professionnels de l'éducation;
  • que les enseignants en ont assez des «on verra après, on ajustera, on modifiera...finalement arrangez-vous avec ça, faites de votre mieux...» Cela est révélateur de la considération pour notre travail;
  • qu'on n'a pas pensé à tous les élèves qui ont été intégrés dans nos classes et qui peinent déjà à faire leur année normalement souvent sans aide. Que feront nos TED, Asperger, TDAH, EHDAA, autistes ou autres enfants atteints à des degrés divers (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie...)?;
  • que la qualité du français est déjà critiquée; on nous dit que nos enfants ne savent pas écrire leur langue maternelle;
  • qu'actuellement, dans notre Commission scolaire, les élèves qui font partie d'un programme d'anglais intensif sont sélectionnés, triés tant au niveau des capacités qu'au niveau du comportement;
  • qu'on n'a pas demandé l'avis des enseignants spécialistes en anglais;

Nous nous opposons donc massivement à l'implantation brutale, rapide et unilatérale de l'anglais intensif en 6e année.

De plus, nous nous interrogeons sur les points suivants:

  • y aura-t-il encore des personnes intéressées à enseigner la 6e année compte tenu de la double tâche imposée? (deux classes);
  • quels seront les critères de sélection pour l'embauche massive des enseignants d'anglais?;
  • a-t-on déjà pensé, conçu, élaboré le programme d'enseignement de 6e année dans son ensemble ? Il faudra couper quelque part, mais où?;
  • quels seront les changements effectués dans le régime pédagogique?;
  • qu'adviendra-t-il des évaluations du MELS de la fin du 3e cycle du primaire? Seront-elles éliminées?;
  • les élèves seront-ils prêts pour le secondaire ?
  • a-t-on pensé à l'impact qu'une telle mesure pourrait avoir sur le décrochage scolaire?

Comprenons-nous bien. Nous sommes des enseignants qui sont aussi des parents et nous ne sommes pas contre l'apprentissage de l'anglais mais pas n'importe comment ni à n'importe quel prix.

À quand le français intensif?

S'il vous plaît, ceci est un débat de société: que veut-on pour nos enfants? Élèves, parents, enseignants, directions, exprimez-vous, donnez votre avis à votre école, votre conseil d'établissement, votre Commission scolaire.

Les indignés de l'éducation au primaire,

Ghislaine Taillon (enseignante) et les enseignants de l'école Marguerite-d'Youville

Cap Rouge

pgiroux

Auteur: pgiroux

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