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L'ePortfolio, un outil avantageux pour les futurs enseignants

Dans le cadre de leur formation en enseignement, les étudiants de dernière année sont invités à bâtir un portfolio démontrant le chemin qu’ils ont accompli depuis le début de celle-ci. Ce portfolio doit être bien construit, car lorsqu’ils seront sélectionnés par les commissions scolaires pour passer une entrevue, ils devront le présenter afin de faire valoir leurs compétences professionnelles. Ce portfolio peut être présenté sous plusieurs formes, dont une qui demeure encore méconnue : la version multimédia, appelée ePortfolio. Puisque l’ePortfolio semble encore bien peu utilisé par les futurs enseignants, je me suis questionnée à savoir s’il était profitable pour eux d’élaborer un portfolio numérique plutôt qu’un portfolio traditionnel. Après une comparaison entre ces deux types de portfolios, il me semble évident que l’ePortfolio est plus actualisé et plus bénéfique pour les finissants que le portfolio dans sa version papier. Cet essai comprend donc les arguments qui me portent à affirmer que l’utilisation de l’ePortfolio est avantageuse pour les futurs enseignants, malgré les quelques limites qu’elle peut entraîner.

Avant de débuter, je tiens à définir plus clairement ce qu’est un portfolio. Ce concept pourrait se définir comme :

« un dossier personnel dans lequel les acquis de formation et les acquis de l'expérience d'une personne sont définis et démontrés en vue d'une reconnaissance par un établissement d'enseignement ou un employeur » (Wikipédia, 2010).

Plus précisément, pour un étudiant en enseignement, le portfolio est un outil personnalisé qui rassemble des traces des apprentissages réalisés et des expériences vécues dans le domaine de l’enseignement, comme des évaluations de stage, des planifications de situations d’enseignement-apprentissage ou des réflexions sur son identité professionnelle. Afin de présenter les avantages inhérents à l’ePortfolio et non au concept général de portfolio, j’ai dû me poser la question suivante : « Qu’est-ce que la version informatisée d’un portfolio apporte de plus que la version papier ? » Les arguments énumérés ci-après concernent donc uniquement les bienfaits qu’apporte la nature informatisée de l’ePortfolio et non les bienfaits quant à la réflexion et l’évolution qu’il permet à l’individu, puisque ces avantages sont communs à tous les types de portfolios et ne découlent aucunement de leur présentation, informatique ou non. À ce sujet, la section 2.1 de ce document de la Société de formation à distance des commissions scolaires du Québec et du Cégep@distance décrit précisément les avantages de l’élaboration d’un portfolio. Par conséquent, ce qui me porte à croire qu’il est plus avantageux pour les étudiants en enseignement de bâtir un portfolio numérique est qu’il permet la présentation de plusieurs types de fichiers, qu’il est accessible en tous lieux et en tout temps, qu’il représente un moyen de contrôler leur identité numérique et que son côté interactif permet une constante amélioration.

D’abord, il est évident qu’un des avantages de l’ePortfolio consiste en sa nature multimédia. Puisque son portfolio est informatisé, le futur enseignant peut non seulement y joindre des documents de tous types, mais aussi des liens Internet, des vidéos et des extraits audio. Par exemple, lors d'une entrevue, un jeune enseignant qui présente une vidéo d’une situation d’enseignement-apprentissage qu’il a réalisée fait davantage valoir ses compétences professionnelles qu’un enseignant qui présente seulement la planification papier de cette situation. De plus, l’ajout de liens, de vidéos et de fichiers audio à son portfolio permet, selon moi, de démontrer l’originalité des contenus qu’un enseignant utilise avec ses élèves dans ses tâches quotidiennes.

Ensuite, la nature informatisée du ePortfolio permet d’y avoir accès partout et en tout temps, à condition de pouvoir utiliser un ordinateur. Effectivement, le portfolio numérique est généralement hébergé par un site web qui le rend accessible par une adresse URL. Il est aussi possible d’en charger une copie sur une clé USB ou sur un ordinateur. Je trouve le tout très avantageux pour les futurs enseignants, puisque les ePortfolios « peuvent être modifiés, mis à jour et réorganisés au besoin, en fonction des données disponibles » (SOFAD et Cégep@distance, 2006), peu importe l’endroit où son propriétaire se situe. Par exemple, un étudiant qui découvre un site ou un document sur le Web alors qu’il est au laboratoire informatique de l’université peut ouvrir son portfolio et l’insérer directement dans celui-ci. De plus, cette facilité d’accès lui est utile au quotidien. Elle lui offre la possibilité de présenter ses documents aux personnes qu’il rencontre, même si ces rencontres n’étaient pas planifiées. Il peut alors partager ses documents avec ces personnes et publier des liens vers les leurs, le tout sans photocopier et sans transporter d’imposants dossiers. En outre, la possibilité d’accéder en tout temps à l’ePortfolio est profitable non seulement pour l’étudiant, mais aussi pour les employeurs. Alors que les entrevues sont terminées et que ces derniers doivent prendre une décision, ils se fient à leur mémoire, car les candidats sont repartis avec leur portfolio papier. Toutefois, le portfolio numérique peut être consulté à nouveau et étudié plus en profondeur, même après le départ de son propriétaire. Les employeurs ont donc la possibilité de revoir les aptitudes et les compétences de ce candidat. En bref, la grande accessibilité de l’ePortfolio peut être utile pour tous ses utilisateurs, tant étudiants qu’employeurs.

Dans un autre ordre d'idées, l’ePortfolio représente, selon moi, un moyen d’exercer un certain contrôle sur notre identité numérique. D’abord, voici d’où provient cette identité numérique et de quoi elle est constituée :

Les réseaux sociaux et les blogs ont provoqué la prolifération des données personnelles sur le Web. Désormais, chaque utilisateur dispose et doit gérer une véritable « identité numérique » constituée des informations qu'il a rentré dans ses profils, de ses contributions (par exemple dans les blogs) et des traces qu'il ou elle laisse sur les sites web visités...(Wikipédia, 2010)

Désormais, il est impossible pour quiconque de ne laisser aucune trace de son passage sur le Web. Pire encore, une personne peut toujours essayer de contrôler ce qu’elle publie, mais elle ne peut contrôler ce que les autres disent à son sujet, les photos qu’ils publient d’elle, l’interprétation qui en est faite, bref sa cyber-réputation. Avec cette grande accessibilité à l’information, les employeurs peuvent facilement effectuer une recherche (sur Facebook ou sur Google par exemple) afin de se faire une opinion au sujet des candidats qu’ils rencontrent. Les commissions scolaires n’y font pas exception, elles sont elles aussi bien branchées sur le réseau. C’est pourquoi il me semble primordial que les futurs enseignants tentent de contrôler leur identité virtuelle. La création d’un ePortfolio offre à ces étudiants la chance de montrer à tous les cyberutilisateurs ce qu’ils valent. C’est l’occasion rêvée de prouver leurs compétences et de se faire valoir en tant que professionnels de l’éducation. Lorsque leur portfolio est publié sur le Web, il est automatiquement indexé par les moteurs de recherche tels que Google ou Yahoo. De ce fait, les employeurs qui effectuent une recherche à leur sujet risquent d’arriver directement sur cette page. De plus, puisque tout ce que les étudiants font sur la toile peut être épié, pourquoi ne pas diriger l’attention de ceux qui consultent leurs profils sur les réseaux sociaux ou toute autre publication à leur nom vers ce portfolio qui démontre leur identité professionnelle ? Il s’agit simplement d’ajouter l’adresse URL du portfolio à la fin de leurs courriels, de la publier sur leurs profils et de la mentionner partout où ils le peuvent pour que leur ePortfolio devienne en quelque sorte leur marque de commerce et qu’il soit l’élément vers lequel les employeurs sont redirigés chaque fois qu’ils consultent une page à leur sujet. Pour résumer, faute de pouvoir contrôler entièrement leur identité numérique, les finissants peuvent tout de même diriger l’attention des gens sur leur ePortfolio et ainsi augmenter leurs chances de prouver leurs compétences et leurs aptitudes aux employeurs, tout en réduisant le risque qu’ils s’attardent sur des éléments qui pourraient être mal interprétés (photos, commentaires, etc.).

Pour compléter cette argumentation en faveur de l’ePortfolio, j’ajouterais que son utilisation est profitable pour les futurs enseignants, car son côté interactif permet une constante amélioration de son contenu. Cet extrait du document de la SOFAD et du Cégep@distance résume bien les connexions que permet l’ePortfolio :

Il offre à un individu la possibilité d’être en contact avec plusieurs intervenants à la fois. Un apprenant peut ainsi recevoir rapidement un appui ou une rétroaction d’amis, de membres de sa famille, de pairs, de collègues ou de son formateur. En plus de faire gagner du temps, cette particularité du portfolio numérique favorise la synergie avec d’autres.

Effectivement, lorsque le portfolio est publié sur Internet, les visiteurs peuvent exprimer leur opinion sur son contenu ou poser des questions à l’auteur. De cette façon, le propriétaire du portfolio peut modifier son contenu, ajouter des informations, corriger ses erreurs, expliquer sa pensée et nuancer son point de vue. Cette démarche permet un perfectionnement du contenu du portfolio, ce qui représente une constante évolution de l’identité et des compétences professionnelles de son propriétaire. J’en ai donc déduit que l’ePortfolio pouvait être une façon, pour les nouveaux enseignants, de s’engager dans une démarche de formation continue. Par exemple, un jeune enseignant qui publie fréquemment des documents dans son ePortfolio aura certainement quelques adeptes qui vont s’abonner à son fil RSS afin de suivre ses publications. Évidemment, ces publications généreront des commentaires de la part des collègues de l’enseignant et le pousseront à continuer son travail afin de perfectionner davantage son portfolio. De plus, l’ePortfolio, met les nouveaux enseignants en contact avec leurs collègues ainsi que les divers professionnels que ces derniers retrouvent dans leur réseau. Cela permet aux jeunes enseignants d’être à l’affût des nouveautés disponibles dans le domaine de l’éducation et d’échanger une multitude de ressources avec d’autres professionnels. On peut donc dire qu’une fois que le processus de création de leur ePortfolio est enclenché, les étudiants en enseignement ne font que l’enrichir et cela leur est très profitable.

En contrepartie, quelques inconvénients s’imposent lors de la création d’un portfolio électronique. D’un côté, il peut sembler difficile de monter un portfolio numérique lorsque nos connaissances en informatique sont moindres. Toutefois, plusieurs sites web offrent maintenant la possibilité de créer facilement une page, sécurisée ou non, qui redirige les visiteurs vers les documents sélectionnés. À ce sujet, Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les TIC en éducation et professeur à l’Université de Montréal, a créé Eduportfolio, un site qui permet de publier un portfolio personnalisé en quelques clics. Je suis moi-même en pleine création de mon ePortfolio et ma plus grande difficulté se situe dans l’utilisation des logiciels de présentation afin d’ajouter côté visuel à mes documents. La programmation informatique est tellement rendue à la portée de tous qu’il est évident que ce n’est pas cela qui pose réellement problème. La plus grande difficulté qui s’impose lorsqu’on crée un portfolio numérique est de faire respecter notre propriété intellectuelle. Bien que le propriétaire puisse autoriser ou refuser l’accès au contenu de son portfolio à l’aide d’un mot de passe (SOFAD et Cégep@distance, 2006), il est difficile pour lui de savoir à qui faire confiance. Effectivement, des collègues mal intentionnés pourraient reprendre ses documents et les modifier sans en mentionner la source, portant donc atteinte à ses droits d’auteur. Cela demeure la plus grande problématique reliée à l'utilisation de l’ePortfolio, car il est impossible de l’enrayer directement. Bien sûr, on peut faire de la sensibilisation autour de soi, mais le réel moyen de mettre fin à la violation des droits d’auteur serait d’éduquer les générations présentes et futures aux règles de la nétiquette et au respect de la propriété intellectuelle. Toutefois, il est évident que cela ne se fait pas du jour au lendemain. Alors, comme cette problématique est bien réelle, il faut demeurer vigilant en ce qui concerne les personnes autorisées à accéder à notre portfolio. La confiance en ces personnes est de mise.

Pour conclure, cette analyse des bienfaits et des limites de l’ePortfolio m’a permis d’affirmer que malgré les difficultés que peut entraîner sa création, les bénéfices à en retirer sont si importants qu’il vaut la peine que les étudiants en enseignement créent un portfolio multimédia plutôt qu’un portfolio traditionnel. En effet, l’ePortfolio permet une plus grande variété de contenus, il est accessible partout et en tout temps, il permet un certain contrôle de leur identité numérique et il demeure en constante évolution grâce à son côté interactif. Toutefois, je conseillerais à ces étudiants de bien choisir et de sensibiliser les personnes qui peuvent accéder à leurs documents, afin que celles-ci respectent leurs droits d’auteur. Pour terminer, si vous n’êtes toujours pas convaincus qu’il est profitable de créer un portfolio numérique plutôt qu’un portfolio papier, je vous invite à visualiser ce document dans lequel Thierry Karsenti présente son outil, mais plus particulièrement à vous poser les 5 questions finales. Après y avoir répondu, peut-être serez vous tentés, comme je l’ai été, de débuter la création de votre ePortfolio…

Il est à noter que j'ai fait tout mon possible afin de respecter les règles de la nétiquette et de présenter ce texte dans un français correct. Marie-Michelle Dubois

Cet essai a été modifié le 4 février 2011 dans le but de corriger les quelques erreurs qui susbsistaient. Une faute de français est toujours présente dans la citation sur l'identité numérique puisque la phrase est écrite telle quelle sur la page de Wikipédia(2010).

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Auteur: etu14

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Commentaires (1)

Suzieee Suzieee ·  12 décembre 2010, 8:03:07 PM

Allo Marie-Michèlle,

j'aime particulièrement l'angle que tu as choisi pour réaliser ton essai. Il est intéressant de pouvoir comparer le portfolio format papier et le ePortfolio. Après avoir lu ton essai, je considère que ce dernier est beaucoup plus efficace. J'apprécie aussi le fait que tu précises les désavantages d'un ePortolio, mais que tu donnes quelques conseils pour les éviter.

Bravo, ton essai est bien rédigé !

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