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Pourquoi nous ne sommes pas encore prêts pour les MOOC et ce qu'il faut faire pour y arriver

Les MOOC sont souvent discutés par les responsables politiques, les dirigeants universitaires et les spécialistes en TIC. Certains croient que c'est la fin des universités... Je crois de plus en plus que ceux-là rêvent en couleur et ont perdu tout contact avec la réalité. D'autres pensent que c'est le futur de nos universités et qu'il faut y plonger tête première... Ce serait catastrophique. Je crois au potentiel des MOOC, mais pas aujourd'hui. Pas comme ça! Mes recherches des dernières années à propos de l'esprit critique des futurs enseignants à l'égard d'Internet et de leurs compétences informationnelles ainsi que mes contacts fréquents avec des étudiants universitaires et des enseignants m'amènent plutôt à croire que les MOOC ne sont qu'une mode qui ne répond pas aux besoins de formations actuels de la masse des apprenants. Pourquoi? Parce que la majorité des apprenants qui pourraient en bénéficier n'ont pas encore les compétences requises pour apprendre dans ce contexte.

Voici une infographie très intéressante...

Source de l'infographie: OnlineColleges.net.

The Dark Side of MOOCs

Avez-vous remarqué le très faible taux d'apprenants qui terminent les MOOC? Je crois que c'est symptomatique du manque de compétences des apprenants. Pour réussir dans un MOOC, il faut des compétences informationnelles et TIC particulières... Il faut aussi un profil d'apprenant particulier. On devrait probablement regarder du côté des recherches menées il y a quelques années déjà relativement à l'apprentissage à distance pour bien comprendre les MOOC. De la même façon que les apprenants qui réussissent bien à distance ont souvent certaines caractéristiques communes, je crois que les MOOC réussiront surtout à certains apprenants qui ont, eux aussi, un profil particulier. Malheureusement pour ceux qui pensent que les MOOC vont tout changer dans les universités à court terme, je crois que la proportion d'apprenants capables de profiter pleinement des MOOC aujourd'hui est encore infime...

C'est assez clair pour moi que même la génération "C" n'est constituée que d'un très faible pourcentage de personnes qui ont pleinement adopté les TIC et ont développé des compétences très poussées quant à leur utilisation. Oui, cette génération utilise beaucoup les TIC, mais peu ont vraiment compris et exploitent la pleine puissance de ces outils. Un faible pourcentage seulement de cette génération a plié le Web à ses besoins. Chez les générations précédentes, c'est la même chose. Il faut ici comprendre que pour profiter d'un MOOC, il faut selon moi être vraiment à l'aise sur le Web et avoir développé des stratégies personnelles pour exploiter le Web au quotidien pour apprendre. Bref, selon moi, les MOOC ont le plus de chance d'aider ceux qui n'en ont pas besoin parce qu'ils ont déjà un EAP (environnement d'apprentissage personnel) qu'ils pourraient facilement adapter... Évidemment, si on offre à ces personnes une solution encore plus facile que d'adapter ou réorienter leur EAP, ces gens diront oui... Mais combien sommes-nous à avoir un EAP sur le Web? Combien sommes-nous à comprendre le Web et à l'avoir plié à nos besoins?

À court terme, il y a encore plusieurs morceaux du puzzle à placer avant que les MOOC puissent réellement avoir un impact. Selon moi, on parle ici de 10 ans de travail si nous allons tous dans la même direction. Tout d'abord, il faudra que nos décideurs comprennent ce que j'ai expliqué. Les MOOC ont un potentiel énorme, mais il ne se concrétisera pas avant que la population développement certaines compétences. Il faut donc renforcer la base. Les TIC doivent faire leur entrée en force dans nos écoles primaires et secondaires. Et ne rêvez pas! On est encore bien loin du compte! Je parle ici d'une véritable invasion technologique... Pour y arriver, il faudra trois choses:

  1. faciliter l'accès au matériel informatique dans les écoles;
  2. donner plus de formations aux enseignants;
  3. reconnaitre l'importance des TIC et des compétences informationnelles par des gestes concrets à l'égard de ces compétences dans les programmes.

La troisième étape est la plus importante et la plus facile à concrétiser à TRÈS court terme... Un exemple? Facile! Tant et aussi longtemps que les compétences TIC, les compétences critiques à l'égard du Web et les autres compétences relatives à l'information ne seront pas OBLIGATOIREMENT évaluées à chaque bulletin et à chaque année du cheminement scolaire des jeunes, l'enseignement de ces compétences demeurera une exception. Un seul petit décret ministériel nous a fait reculer de plusieurs années il y a peu de temps... Imaginer ce que l'on pourrait créer comme contexte en inversant la tendance, en annulant ce décret et, même (je rêve, c'est mon blogue, j'ai le droit!) en imposant un nouveau décret ou (encore mieux!) en ajustant le programme de formation! Mais attention, si la troisième étape est facile à concrétiser, il ne sert à rien de l'imposer aux enseignants si on ne met pas rapidement en place les deux premières étapes...

Parallèlement à ces actions "technos", il faudra aussi travailler sur la pédagogie. Il faut absolument que les méthodes plaçant l'apprenant au centre et le rende responsable de son cheminement soient la norme. Comment espérer que les apprenants puissent profiter des MOOC s'ils n'ont pas les compétences pour gérer leurs propres apprentissages? Ce changement est encore plus profond que les changements TIC proposés plus haut. Il suppose pour certains enseignants, pour les certains parents, pour certains administrateurs scolaires et pour certains dirigeants politiques de complètement revoir leurs croyances quant à l'apprentissage. Ce n'est pas facile et ça demandera évidemment de gros efforts. C'est cependant possible. Plusieurs l'ont déjà fait!

Bref, les MOOC sont en avance sur la population. La masse n'a pas encore les compétences pour en tirer pleinement profit. Nous en arriverons peut-être là, mais pas demain... Pour y arriver, il faut que la masse développe certaines compétences, qu'elle embrasse les TIC et le Web et qu'elle apprenne à les maitriser au point de les plier à ses besoins. Il faut aussi que tous les apprenants deviennent maitres de leur processus d'apprentissage et qu'ils développent les compétences nécessaires pour organiser et gérer leurs apprentissages. À mes yeux, c'est dans nos écoles primaires et secondaires que ce changement doit d'abord se produire... Dans les universités aussi il faut changer. Il nous faut faire les mêmes changements que dans les écoles primaires et secondaires pour être en mesure de les assister quand elles auront des besoins particuliers et pour être capables, le temps venu, d'offrir des formations d'un nouveau genre, adaptées aux besoins des futurs apprenants.

Si vous ne savez pas de quoi il retourne et désirez en apprendre plus sur les MOOC, je vous conseille de consulter les textes que j'ai indexés dans mon Diigo sur ce sujet. Vous y trouverez des explications et des opinions variées.

pgiroux

Auteur: pgiroux

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Commentaires (14)

Moussa Moussa ·  04 mars 2013, 1:26:29 PM

Bonjour,

Belle analyse quoique je vous trop sceptique par rapport à un phénomène encore en conception. Je doute qu'il viendra à l'esprit de quelqu'un que les MOOCs deviennent à court terme le modèle et remplacera tout le reste !
Personnellement, j'y perçois un outil pour permettre à beaucoup de personnes d'acquérir de compétences autres que basiques. Il s'agit pas de former les ingénieurs agricoles, informaticiens, électroniciens, etc. au travers d'un MOOC mais de leur donner par exemple les compétences et les capacités pour gérer un projet agricole, informatique, etc.
Aussi utile qu'est le dictionnaire, tout apprenant ne peut utiliser un dictionnaire. Il y a toujours des pré-requis à tout !

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  04 mars 2013, 2:55:46 PM

Vous doutez, mais c'est pourtant le cas.

J'ai lu récemment le rapport d'un comité institutionnel qui recommande qu'on s'y mette et très vite. Pour certains, c'est pratiquement la survie de nos institutions qui en dépend. Mario (un conseiller de l'opposition au gouvernement du Québec), par exemple, semble croire que ça transformera carrément l'écosystème éducatif (http://blogue.marioasselin.com/2012...). Dans ce document de la CREPUQ (http://www.mesrst.gouv.qc.ca/filead...), on indique (p.14) que "L’université québécoise doit continuer de mettre à profit les possibilités offertes par les environnements numériques, les visioconférences, les cours en ligne ouverts et massifs (massive online open courses), et autres moyens novateurs afin de poursuivre l’élargissement de l’offre de
formation et de renforcer ainsi l’accessibilité aux études universitaires." comme vous pouvez le voir, on parle ici des MOOC comme si c'était quelque chose de bien connu et maitrisé, comme si nous étions prêts à nous lancer!

C'est parce que j'entends fréquemment des gens se prononcer sur le sujet que j'ai décidé d'écrire sur le sujet... I

Jacques Cool Jacques Cool ·  04 mars 2013, 3:10:18 PM

Serait-il aussi simple de classer en 3 tribus ?
- les cMOOCers qui ont déjà un EAP actif et qui envisionnent le potentiel des MOOC, un peu 'hackers' des fois,
- les xMOOCers qui y voient un modèles d'affaires, calqué sur un design plus traditionnel de la formation,
- les non-MOOCers qui n'ont peu ou pas d'idée à ce sujet mais qui ont un rôle influent sur les visées de la formation, la gouverne et autres composants systémiques?

Vivement la pollonisation croisée...

Jacques Cool Jacques Cool ·  04 mars 2013, 4:40:21 PM

Mais au-delà du MOOC ou pas MOOC, ce que tu soulèves, Patrick, est l'essence même de tout ce débat : « la majorité des apprenants qui pourraient en bénéficier n'ont pas encore les compétences requises pour apprendre dans ce contexte. »
Mot-clé de cette phrase : 'majorité'. Il reste beaucoup à faire pour que la majorité des apprenants (qu'ils soient élèves, profs, admin ou parents) puisse saisir toutes les affordances possibles du web social et collaboratif. Le développement d'une pensée critique, pour débattre l'idée de l'autre, pour discerner la pertinence de l'info avancée, pour trouver et solutionner des problèmes, complexes, signifiants, réels. Pour des conversations puissantes sur des enjeux qui les concernent. Voilà.

Mais pour cela, ce sont les finalités de formation qui sont à revoir. Les compétences informationnelles et la pensée critique dans une 'réalité' numérique, entrelacées dans les divers champs disciplinaires, pas dans un silo distinct. Un regard transformé sur la pédagogie à mettre à l'avant-scène, où la classe a plus de fenêtres que de murs, comme le souligne Mario Asselin. Et oui, dès le primaire!

Et pour y arriver, il faudra du courage, beaucoup de courage, pour oser, expliciter, essayer, décrire, prescrire, convaincre, répandre, ajuster, célébrer.

Par ce temps, les MOOC seront peut-être un acronyme digne des musées de l'éducation. Mais peut-être pas...

Marvin Marvin ·  05 mars 2013, 1:49:25 AM

Bonjour

je suis toujours étonné quand la responsabilité de l'échec d'une solution de formation (ici, les Mooc) est déplacée sur un apprenant qui a été intéressé par l'intitulé d'un cours ou d'un apprentissage, qui a commencé à s'impliquer et à s'engager dans la dite de solution et qu'en cas d'abandon de sa part, ON décrète qu'il devait manquer de compétences pour réussir.

Dans ma grande naïveté, j'ai toujours cru que le rôle des concepteurs pédagogiques était d'apporter les éléments nécessaires à la construction des compétences, de créer un environnement suffisant qui permet à chacun d'exprimer au mieux ses capacités, son propre génie.

Si je veux apprendre le français, les mathématiques ou plus spécifiquement si je souhaite développé l'intégralité des compétences nécessaires pour être capable de m'exprimer avec facilité dans la langue de Molière ou d'Euclide, les TICE sont loin d'être indispensables car elles n'ont aucun lien avec l'apprentissage visé. Il s'agit donc pour l'apprenant d'apprendre à maîtriser des choses sans lien avec l'objectif mais avec la proposition de moyens proposée.
Pour faire un trou dans le sol, j'ai le choix entre mes mains, une pelle, un tracto-pelle, etc... déduire l'incapacité utiliser à un moment donné un tracto-pelle avec ne pas savoir faire un trou me semble abusif, trompeur et source de confusion.
Avec le développement du numérique (qui a pour objectif d'automatiser les tâches en les externalisant), de nouvelles formes de formation sont apparues en reprenant les principes de l'industrialisation. On en connait déjà les graves conséquences dans le secteur de la santé, qu'en est-il dans le secteur de l'éducation ?
Le E-learning promettait déjà un enseignement ou un apprentissage (n'ergotons pas) facilité, économique, performant, voir augmenté car possédant une batterie d'indicateurs permettant une amélioration continue de la solution et donc par extension de l'apprenant.
Bilan ? Le taux d'abandon des apprenants a exploser, le tout E-learning bien qu'ayant couté au final des sommes très importantes n'a pas apporter les résultats escomptés à savoir une autonomisation de l'apprenant, une augmentation des compétences individuelles et de la performance collective.
Le E-learning a tenté la ludopédagogie avec les serious games, les résultats sont meilleurs en terme de suivi et de poursuite de l'apprentissage mais là encore les compétences à l'issue demeures bien légères. Apprendre l'autorité face à une machine (Serious game Management) relève de la supercherie en s'appuyant trop sur l'analogie comme mode de pensée. L'humain est encore plus complexe que le logiciel (l'un fait du intake, l'autre du input).
La mode est aux Mooc qui s'appuie plus particulièrement sur les datas pour promettre encore plus une amélioration continue. Qu'en est-il ?
Le constat que vous faite est l'échec de cette solution, nous divergeons sur le pourquoi et le comment..
Autodidacte depuis le collège, j'ai toujours appris par moi-même en développant mes solutions aussi bien pour passer le baccalauréat, mes premiers diplômes universitaires que pour développer mes compétences professionnelles. J'ai commencé en bas de l'échelle et j'ai gravi tous les échelons en m'auto-formant jusqu'à former des étudiants de prestigieuses écoles de commerce et de grandes écoles.
J'ai travaillé pour un grand nombre d'organismes de formation qui chacun m'affirmait proposer THE solution pour mieux apprendre. Pourtant dans la salle de formation, je ne pouvais que remarquer que la dite solution ne convenait pas à celui ci ou celle là. L'ideal et Bateson ( http://code7h99.blogspot.fr/2011/04... ).
J'ai moi-même suivi des MOOC que j'ai abandonné et pourtant je sais que je suis capable d'apprendre seul, d'entretenir mon auto-motivation, de développer mon auto-efficacité et mes stratégies d'apprentissage tout en augmentant la reconnaissance de mes compétences par mes pairs et l'ensemble de mes interlocuteurs professionnels. L'explication est donc ailleurs...

Si j'ai été un peu long dans ce commentaire, c'est pour apporter quelques précisions sur mon désaccord avec ce que j'appelle vos affirmations et non votre démonstration.

Je n'aurais qu'un conseil à donner aux futurs concepteurs de Mooc et aux apprenants qui souhaitent développer leurs compétences numériques et autres par eux-mêmes : http://www.jogtheweb.com/run/xfWp6Y...

Si les MOOC ne sont pas prêts, il y a un problème de compétences mais chez leurs concepteurs et animateurs.

Cdlt

Vincent Laberge Vincent Laberge ·  06 mars 2013, 8:04:59 AM

Depuis hier je cherche une analogie intelligente pour les TIC en classe... Adaptée aux besoins pédagogique de la population ciblée!

Apprendre les compétences informationnelles et la maîtrise des outils TIC aux prochaines générations de moldus (muggle) est aussi important que d'apprendre à manier la baguette magique pour les magiciens dans l'univers de Harry Potter. Sinon nous serons tous des crackmol (squib) avec notre propre technologie selon les standards des magiciens!

Dans l'univers de Harry Potter tous les magiciens sont obligés d'aller acheter une baguette magique qui leur soit adaptée avant l'entrée à l'école. Ils apprennent à s'en servir pour différentes utilités dans toutes leurs classes. C'est l'extension normale de leur pouvoir magique. J'imagine l'éducation secondaire analogiquement, avec un laptop au lieu d'une baguette.

Tu me diras si tes filles comprennent l'analogie ;)

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  06 mars 2013, 11:40:54 AM

Mes filles sont un peu vieilles... Elles ont passé à autre chose, mais je vais tout de même leur demandé!

Perso, ça me semble une bonne analogie. Je vais probablement la réutiliser! (j'en citerai l'auteur!)

PAt :-)

Stéphane Allaire (Ytsejamer) Stéphane Allaire (Ytsejamer) ·  07 mars 2013, 8:42:00 AM

À partir du moment où, comme enseignant ou professeur, on est en accord avec le modèle pédagogique induit par les MOOC, pourquoi alors ne pas l'utiliser pour développer les compétences informationnelles qu'on juge manquantes chez plusieurs élèves et étudiants?

Sinon, voici mon dernier billet à propos des MOOC: http://stephaneallaire.ca/?p=347/ (xMOOC: instrument de reproduction massive).

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  08 mars 2013, 3:24:44 AM

Stéphane: Mais quel modèle pédagogique soutient les MOOC? Sur quelle théorie de l'apprentissage est-ce fondé? Connectivisme? Et l'apprentissage se défini comment dans le connectivisme?

Les pistes que tu proposes sont définitivement plus prometteuses à mes yeux...

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  09 mars 2013, 5:00:04 AM

Bonjour Marvin,

Tout d'abord, j'aimerais mettre mon billet en contexte. Je suis universitaire, j'enseigne les technologies éducatives à de futurs enseignants, mon institution éprouve des difficultés financières et (j'ignore s'il y a un lien) les MOOC sont parfois cités comme la voie du future... Je me sens obligé de réagir.

Par ce billet, je ne voulais pas attribuer la faute de l'échec des MOOC aux étudiants. Je veux simplement souligner que selon mes recherches et celles d'autres chercheurs, les futurs enseignants (donc les étudiants avec lesquels je travaille presque quotidiennement) n'ont souvent pas les compétences minimales relatives aux TIC et que les MOOC ne leur conviennent certainement pas ACTUELLEMENT. Si cela vous intéresse, je peux facilement appuyer cette affirmation par des dizaines de références scientifiques récentes... C'est donc plus qu'une affirmation, c'est un fait démontré. (Les articles suivants que nous avons publier sur le Web donne quelques détail à ce sujet: http://rire.ctreq.qc.ca/2011/03/dev... et Giroux, P., Gagnon, M., Lesseard, S. & Cornut, J. (2011). «Using Internet Information: Undergraduate Teachers’ Critical Competencies». REM – Research in Education and Media, 3(1). ) De plus, je suis à peu près certains qu'en conduisant une recherche élargie sérieuse pour inclure l'ensemble des apprenants universitaires, nous découvririons que la majorité n'ont pas toutes les compétences TIC requises en 2013... Ça, c'est cependant une impression personnelle qui reste à démontrer.

Vous avez cependant raison, il faudrait que les MOOC prennent ce manque de compétences en compte lors de la planification pour guider l'apprenant et lui permettre de développer lesdites compétences, mais le mouvement ou l'intention qui pousse les MOOC actuellement n'est malheureusement pas toujours fondé sur la pédagogie et les MOOC en administration et dans d'autres domaines ne prennent pas toujours ces détails en compte.

J'aimerais clarifier un autre point. J'ai lu plusieurs livres et articles sur les caractéristiques nécessaires pour réussir dans un cours à distance. Il faut savoir qu'avant de travailler à l'UQAC, j'ai fait des contrats de design pédagogique et d'assistanat de recherche pour un professeur de la TELUQ (une université à distance). J'y ai aussi suivi quelques cours, dont un au doctorat. Tous les apprenants n'ont pas les mêmes besoins... Tous les apprenants n'ont pas les mêmes préférences, le même style cognitif, ni le même potentiel. Il ne faut pas se cacher la vérité. Les MOOC, comme le e-learning et l'apprentissage à distance, conviennent mieux à certaines personnes qu'à d'autres. Vous êtes autodidacte, mais ce n'est pas le cas de la majorité. Plusieurs autres personnes pourraient s’accommoder des MOOC en cas de nécessité, mais ils préféreront autre chose ou aucune formation si c'est possible. Je veux simplement exprimer ici l'idée qu'il faut être honnête avec les apprenants et ne pas présenter les MOOC comme une panacée qui conviendra à tous. C'est loin d'être le cas. Même si on prévoyait tout le soutient nécessaire afin de développer les compétences TIC requises pour réussir an plus des compétences reliées plus spécifiquement au cours, les MOOC ne conviendrait pas à tout le monde. De plus, on ne sait même pas encore vraiment à quel type d'apprennant ça va bien convenir.

Je ne décrète pas l'échec des MOOC et je n'attribue pas cette responsabilité à personne, je veux simplement mettre les pendules à la bonne heure. C'est un nouvel outil que l'on ne connait pas encore très bien et que l'on n'utilise probalement pas correctement et pas toujours pour les bonnes raisons (c'est souvent les $$$ qui motivent les organisations!). Il convient probalement à quelques personnes, mais pas à toutes. Rien de plus...

etu2 etu2 ·  10 mars 2013, 3:58:21 PM

N'êtes-vous pas tous un peu «avangardistes» avec ces MOOC ?  Il faut parfois bien de la patience pour arriver à nos fins.

Par exemple voyons toute la popularité que trouve les véhicules verts et tous les mouvements et promotions faites sur la protection de la planète.

Ça n'a aucun rapport avec les MOOC, mais je me sers de cet exemple, car depuis mes cours de conduites en véhicules lourds que j'entends parler de cette économie d'énergie.  Ça fait de ça vingt ans et des poussières, comment ça que cela a pris 20 années avant qu'on commence à s'en préoccuper.

Soyez donc patients avec vos MOOC, bien que cela offre place à bien des soupirs et épuisement, il vous faudra attendre encore bien longtemps avant qu'on en arrive à des changements aussi énormes que vous les recherchiez. 

J'ai mis dans notre «Webographie» du cours un texte sur les MOOC qui les illustre selon l'idéede l'Université de Sherbrooke.  Ça n'a rien de mieux que les autres textes, par contre ça explique plus clairement de quoi il retourne.  Parce que je me disais, enfin mais qu'est-ce que c'est ? 

En lisant cela j'ai trouvé que vous souffrez tous d'un certain degré de frustration qui provient d'une évolution qui tente à se faire lente.  C'est certain qu'on ne peut pas forcer le progrès.  En tout cas, on ne recule pas, soyez rassuré là-dessus.

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  10 mars 2013, 4:05:37 PM

Merci pour le lien Étu2... je ne l'avais pas encore dans ma webographie: https://www.diigo.com/user/pgiroux/...

Stéphane Allaire (Ytsejamer) Stéphane Allaire (Ytsejamer) ·  11 mars 2013, 8:13:19 PM

@Patrick: Au sujet du modèle pédagogique à la base des MOOC, tu te doutes que je n'ai pas de réponse claire à la question puisque je la posais :-) Compte tenu des sous-entendus de certains commentaires, je croyais que quelques personnes pourraient apporter un éclairage... Entre autres choses, je me demandais, le jour où « nous serons prêts », on sera prêts à quoi exactement avec les MOOC?

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  30 mars 2013, 7:53:36 AM

J'ajoute ici un commentaire qui, dans les faits, n'est pas de moi... C'est un très court extrait d'un article que je révise actuellement pour un journal. Il est pertinent à ma réflexion à propos des MOOC. J'espère un jour revenir ici et vous dire qui est l'auteur de cette idée (le processus de révision des articles est évidemment anonyme):

Donc, l'auteur anonyme que je révise actuellement ne parle pas vraiment des MOOC, mais plutôt des critères e qualité de la formation à distance. Il cite, alors qu'il parle des approches par indicateurs, Shelton & Saltsman (2004) selon qui "les éléments les plus souvent mis en évidence pour caractériser la qualité dans une formation à distance sont une combinaison entre le taux de rétention, les résultats académiques des étudiants et l’efficacité du support en ligne".

Appliqués au MOOC, ces critères m'apparaissent destructeurs... Dans leur forme actuelle, aucun MOOC ne passerait le test!

Shelton, K., & Saltsman, G. (2004). The dotcom bust: A postmortem lesson for online education. Distance Learning, 1(1), 19-24.

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