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Les ados, la gentillesse et la cruauté sur les sites de réseautage social

Le Pew Internet & American Life Project vient de publier un nouveau rapport à propos des jeunes et des sites de réseautage social. Les auteurs se sont plus spécifiquement intéressés à l'expérience sociale des jeunes dans ces espaces nouveaux et complexes. Le rapport fait plus de 86 pages. Comme toujours, les rapports émis par cet organisme proposent un sommaire et celui de ce rapport compte plusieurs pages à lui seul. En voici quelques extraits traduits et commentés. C'est, grosso modo, mes notes de lecture.

L'étude en quelques mots...

Aujourd'hui, 95% des adolescents ont accès à Internet et 80% ont un profil sur un site de réseautage social comme Facebook ou MySpace. Plusieurs jeunes s'y branchent quotidiennement. On y trouve donc des traces de leur vie sociale... Les chercheurs se sont particulièrement intéressés aux sites de réseautage social parce qu'ils voulaient comprendre quels types d'expérience les jeunes y vivent et comment ils réagissent aux expériences négatives qu'ils vivent ou dont ils sont témoins. Les chercheurs se sont aussi demandé qui les influence, à quelle fréquence ils interviennent pour aider d'autres personnes et à quelle fréquence ils ont des comportements plus ou moins négatifs en ligne. Lorsqu'ils ont été témoins d'incidents négatifs, voire cruels, les chercheurs ont suivi le déroulement de l'évènement jusqu'à la résolution du problème. Ils ont aussi examiné l'environnement dans lequel les jeunes utilisent ses sites; les réglages relatifs à la vie privée, les habitudes en liens avec la vie privée et la sécurité ainsi que le degré de contrôle exercé par les parents.

La majorité des jeunes croient que leurs pairs sont généralement gentils les uns envers les autres.

Leurs perceptions sont cependant moins positives que celles des adultes... Plus précisément, 69% des jeunes estiment que leurs pairs sont gentils en ligne contre 85% pour les adultes. De même, 20% des jeunes estiment que leurs pairs sont méchants contre seulement 5% chez les adultes.

Est-ce seulement une question de perception? J'en doute... Je travaille avec de jeunes athlètes presque quotidiennement (dans mon autre vie, je suis entraineur de basket dans une école locale) et j'ai souvent pu constater que les jeunes peuvent PARFOIS être vraiment cruels. J'en suis venu à penser que ça faisait partie de l'évolution et des apprentissages nécessaires...

D'ailleurs, les résultats de l'étude indiquent que 88% des jeunes ont été témoin de cruauté ou de méchanceté en ligne... Chez les adultes, c'est seulement 69%. Je ne pas été surpris d'apprendre ensuite que ces comportements sont globalement dirigés vers 15% des jeunes. C'est ce que je trouve le plus cruel, lorsqu'ils frappent continuellement sur le même clou.

Il y a plus de jeunes qui pensent retirer des avantages ou des bénéfices personnels de leurs usages des réseaux sociaux que de jeunes qui en retirent du négatif. Il y a tout de même 41% des jeunes qui disent que l'usage des réseaux sociaux a eu une ou des conséquences négatives. C'est beaucoup! Je me demande pourquoi il y a encore autant de jeunes en ligne? Pressions sociales?

L'intimidation semble encore fréquente chez les adolescents alors que 19% rapportent avoir été victimes d'intimidation dans la dernière année (soit en personne, en ligne, par texto ou par téléphone). Ce phénomène semble plus fréquemment toucher les jeunes filles.

La majorité des jeunes (95%) disent que les autres ignorent le plus souvent les comportements violents ou méchants lorsqu'ils en sont témoins et 90% d'entre eux avouent avoir déjà ignoré ce genre de comportement. Fait réjouissant, 85% des jeunes interrogés ont déclaré avoir été témoins de situation où un autre jeune s'interposait pour aider la personne visée par la violence, la méchanceté ou l'intimidation. Environ 80% des jeunes disent avoir déjà défendu quelqu'un. Par contre, 67% des jeunes disent avoir été témoins de situations où d'autres, jeunes, plutôt que défendre la personne visée par la violence, la méchanceté ou l'intimidation, ont choisi de se joindre au mauvais camp. Plus de 20% ont avoué l'avoir déjà fait...

Personnellement, c'est cet effet de groupe que je trouve vraiment cruel. Lorsqu'il se produit à répétition, il peut vraiment anéantir un jeune.

Les adolescents reçoivent surtout des conseils de leurs parents et de leurs amis

En voyant ce titre, je me suis immédiatement demandé: "Où est l'école?" En fouillant le sommaire, je n'ai pas trouvé l'école... Je vais définitivement consulter le rapport détaillé pour en savoir plus.

La majorité des échanges entre jeunes ne se produisent pas dans des "endroits" tout à fait publics...

Là, je suis vraiment curieux, parce que pour moi, Facebook est une réelle passoire en ce qui a trait à la vie privée. Comment peuvent-ils penser cela? Et bien, c'est qu'ils déclarent que ces interactions ne sont visibles qu'aux amis...

Si je me réfère à mon expérience personnelle, je sais que j'ai dû intervenir souvent auprès de mes filles pour discuter de la notion d'amis... J'imagine que tous les adolescents se ressemblent un peu à ce niveau. Autant dire que ces interactions et ces actes de méchanceté ou d’intimidation se produisent au grand jour. Malheureusement, le sommaire n'explore pas la question de la notion d'amitié. J'espère que le rapport détaillé en parle. J'irai fouiller plus tard.

Tout n'est pas que négatif puisque 55% des jeunes disent avoir déjà décidé de ne pas publier quelque chose (commentaire, photos, etc.) parce que ça pourrait nuire à leur image dans le future. Ils s'inquiètent, entre autres, des impacts sur leur réputation. Les plus vieux feraient plus attention aux traces qu'ils laisseraient en ligne que les plus jeunes.

Les adolescents avouent ensuite ne pas toujours adopter des comportements sécuritaires. Ainsi, presque la moitié triche en ce qui a trait à leur âge et 30% ont déjà donné leur mot de passe à un autre adolescent. Les filles semblent plus fréquemment partager leurs mots de passe que les garçons. Ça ne me surprend pas. Elles sont plus souvent proches et très intimes. C'est le genre d'information que je peux imaginer une adolescente partagée à ses bonnes amies du moment. Le problème, c'est que l'amitié fluctue...

La majorité des parents discutent de ces sujets avec leurs ados ou utilisent des moyens non technologiques pour gérer leurs comportements en ligne.

Comment gèrent-ils les comportements de leurs enfants? La majorité (80%) disent avoir eux aussi un profil et être l'ami de leur adolescent. Plusieurs (77%) disent avoir visité l'historique des sites visités par les jeunes et 66% disent avoir vérifié l’information disponible en ligne à propos de leur enfant. Environ 50% des parents utilisent des contrôles parentaux. Ça me laisse des doutes importants parce que j'ai une bonne idée de la perception et du niveau de compréhension que les gens autour de moi ont d'Internet. J'ai souvent l'impression que les jeunes en savent bien plus que leurs parents... Les parents savent-ils qu'on peut maintenant créer différents cercles ou groupes d'amis? Sont-ils dans le bon groupe? L'étude nous apprend que ça ne veut pas automatiquement dire que le jeune ne se mettra pas dans le trouble... Les parents sont-ils informés qu'on peut effacer l'historique en tout ou en partie? Connaissent-ils l'existence des serveurs mandataires ("proxy")? Bref, est-ce vraiment efficace? Je me demande si l'étude a beaucoup exploré cet aspect avec les jeunes. Je vais devoir aller lire plus loin que le sommaire pour le savoir.

En gros, le sommaire est intéressant. C'est une étude que je vais consulter plus en profondeur et indexer.

pgiroux

Auteur: pgiroux

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