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L'identité numérique et l'aveugle qui cherchait ses lunettes

aveugleLa nuit dernière, j'ai fait un mauvais rêve: J'étais sur une plage magnifique; le soleil de cette fin d'après-midi était réconfortant et sa lumière était amenuisée par un tamis de nuages semi transparents. Vêtu d'un " Speedo", le torse bombé, cigare Havanais d'une main et une Corona suintante à demi entamée dans l'autre, je fixais l'horizon. À mes côté, la plus splendides des créatures; plus belle que la Vénus de Milot, car celle-ci, avait la qualité de posséder ses deux bras. Puis quelque chose venu de nule part vient soudainement briser ce calme enivrant; un son commun comme un "clic" et puis, poussé par mille feux, une éclair aveuglante ne laissant pas le temps à mes pupilles d'obstruer cette lumière et exposa mes rétines à la lumière blessante... Puis mon rêve semble se transformer en souper bien arrosé. Sur la table, gît un gâteau décapité, six bouteilles de vin, six bouteilles de Porto et six bouteilles de fort... ( vous aurez devinez, 666, le nombre de la bête tel que cité dans l'apocalypse). Je suis au milieu de la mêlé, "encrémé" et visiblement amoché par l'alcool puis, le scénario se reproduit: un son commun comme un "clic" et puis, poussé par mille feux, un éclair aveuglante ne laissant pas le temps à mes pupilles d'obstruer cette lumière et exposa mes rétines à cette même lumière blessante... Enfin, le songe qui semblait banale se transforme en frisson dans le dos; c'est la pénombre en cette ruelle sombre et hideuse, la pluie glacée dégouline dans entre mes omoplates tel un ruisseau glacé torsadant les pierres limoneuses. Adossé à une poubelle de tôle dans des habits qui, manifestement avaient connus de meilleurs jours, je suis certainement saoul, engourdi par la froidure et intoxiqué par des stupéfiants. Sur le trottoir près de moi, gît un gobelet de café vide dans lequel ne se trouve même pas assez d'argent pour le remplir... Dans un sursaut infernal, le cœur battant la chamade, je me réveille, suintant de moiteur au côté de celle avec qui j'ai choisi de partagé ma vie... Six heure soixante et six affiche le cadran... Et là, poussant un grand cris, je me réveille pour de vrai, mais pas à côté de celle que j'aime...

L'enfer...

1the beastSur ce banc de parc, la tête en migraine, le cœur alourdie par une veille au soir, couché sur des journaux, je reviens lentement a moi-même ou du moins a ce qu'il en reste. Maudit Facebook ! me dis-je, si l'ami de l'ami de l'amie de la connaissance de ma femme n'avait pas pris cette photo de moi et ma secrétaire sur cette plage de Cuba! Je serais peut-être encore avec elle... mais en même temps je la comprend, c'est moi le salaud... J'avais dit a ma femme que j' allais en meeting à Toronto... mais maudit Facebook pareil! Si seulement l'ami de l'ami de l'amie de la connaissance de ma femme ne nous avais pas tagué, moi et ma secrétaire sur cette plage de Cuba! Je serais peut-être encore son concubin plutôt qu'un con Cubain... Et puis, ce sacré Henri-Simon Gaudreault-Trottier, lui, je vais m'en souvenir... Perdre sa femme c'est une chose, c'est plate mais il y a des choses pire que celle là; comme perdre par un coup dans un tournois de golf par exemple. Mais le summum de la perte de jouissance de la vie pour moi, c'est perdre son travail... pire encore se faire licencier... pire encore, se faire congédier à cause d'un gars des ressources humaines de Toronto qui a enquêté sur moi sur "c'te" maudit Facebook là... pis il m'a vu, plein... de gâteau puis de crémage et de boisson sur la photo qu' Henri-Simon Gaudreault-Trottier a mis dans son album intitulé "La Brosse à Labrosse". J'ai oublié de vous dire mon nom c'est Dave-Herbert Labrosse. C'est un nom rare... Bien trop rare! Si je m'étais appelé Luc Tremblay ça m'aurais peut-être sauvé mais n'empêche, c'est de ma faute... J'aurais dû garder mes pantalons avant de tomber dans le gâteau! Me voilà, plus de travail, plus de femme, plus d'argent, plus de secrétaire... C'est là que j'ai perdu la carte... pendant six mois, six semaines et six jours, j'ai bus l'équivalent de mon compte en banque, mes placements (heureusement, je les ais sorties à temps) et mes RÉER. La propriétaire de la maison de chambre ou je restais est venue me voir pour m'apprendre que le dernier chèque que je lui avais remis était sans solde. Me voila, sans le sous, a la rue...

C'est pas moi... c'est les autres...

1poucetComme on peut le voir dans le texte précédent, l'identité numérique de Dave-Herbert Labrosse a causé sa perte. Celui-ci n'avait pas de compte Facebook et il n'était même pas au courant qu'un tel site pouvait exister. Sa femme et son employeur par contre le connaissait très bien. Je cite Fred Cavazza : "

" Gérer son identité numérique veut dire surveiller l’utilisation de chacune de ces bribes d’information, cette tâche est complexe surtout pour un individu qui souhaite exploiter l’Internet comme une vitrine. Nous allons donc progressivement devoir acquérir une vision à 360° de toutes les traces que nous laissons au quotidien de manière à maîtriser l’image que l’on donne de nous même."

Une tache ardue voire même indispensable en ces années ou pratiquement toutes nos habitudes de vie transigent par Internet: paiement de factures chez Desjardins, achat en ligne sur E-bay, réseaux d'amis sur Facebook, recherches diverses sur Google, courrier électronique sur Hotmail, fils RSS sur Netvibes, nos favoris sur Diigo, nos travaux collaboratifs sur Wikipédia, le traitement de texte sur Zoho et j'en passe... Essayez de garder le contrôle sur toutes ces informations qu'on laisse derrière nous comme le petit Poucet semait ses miettes de pain. C'est comme demander a un aveugle de trouver ses lunettes ou comme le dirait un de mes confrère dont je tairai le nom afin de préserver son anonymat: 1 bonhomme carnaval

"C'est comme demander au bonhomme carnaval de regarder ailleurs que par le trou de sa bouche" De plus, selon les résultats de l’enquête réalisée en 2003 par l'Annenberg Public Policy Center de la University of Pennsylvania, 57% des adultes pensent à tort qu’un site affichant une politique de protection des renseignements personnels ne diffusera pas ces données. Une autre école de pensée voit ces informations comme étant peu importante: "Dans la situation actuelle, chaque personne a une représentation numérique au travers des données dispersées dans des centaines de bases de données auxquelles elle n’a pas accès. L’identité numérique est éclatée et elle n’est pas maîtrisée par la personne..."

Selon moi, je crois que la majorité des miettes de pains parsemées ici et là ne sont pas traitées par l'humain et que notre identité numérique associés aux différentes recherches que nous faisons ne sont pas d'un grand intérêt pour la plupart des "grossistes" de renseignements personnelles. Comme l'affirme Bruce Phillips:

« Une grande part des éléments qui constituent la personnalité d’un être humain sont désormais à vendre ou à acheter et donne lieu à un énorme trafic. Gouvernements et entreprises commerciales veulent tout savoir de nous ou presque. »

Ceci dit, je crois qu' il est quand même possible pour divers ministère ou organismes lutant contre le crime de vérifier les identités numériques de certains sujets au même titre que de potentiels crack ou pirate informatique ou ex-épouse afin d'obtenir divers renseignements ou simplement, nuire a la réputation de quelconque individus.

Une piste de solution...

L'article 3 du code civil du québec dit ceci: Toute personne est titulaire de droits de la personnalité, tels le droit à la vie, à l'inviolabilité et à l'intégrité de sa personne, au respect de son nom, de sa réputation et de sa vie privée. Comme il est cité dans un article publié par TIC Ch’ti – les gourous du grand Nord • no 2 • octobre 2009:

"chacun a droit au respect de sa vie privée, mais que faire quand il s’agit d’une diffusion volontaire ?"

C'est pourquoi il faut prendre les outils de web 2.0 très au sérieux et ne pas publier n'importe quoi sur n'importe quelles médias. En lisant le même article les auteurs nous donnent quelques solutions:

"Se priver du web2.0 par peur des conséquences revient en quelque sorte à renoncer par peur des méchants. Ce serait le même comportement que de refuser de sortir dans la rue de peur d’être écrasé par une voiture. Se restreindre n’est pas une solution. Sans possibilité d’être publiquement reconnu, vous êtes protégés et vous pourrez continuer de profiter du web. Tel un masque de carnaval, l’anonymat fera de vous un inconnu aux yeux de ceux qui ne vous connaissent pas alors que vos amis sauront qui vous êtes. L’anonymat est un formidable moyen de vivre et de s’épanouir sur Internet. "

Finalement...

En conclusion, je n'essaierai pas de réinventer le bouton à quatre trous... je ne pourrais faire mieux que de citer encore les mêmes auteurs:

"Le numérique peut essayer de saisir mon épaisseur, en jouant des catégories où je m’insère. Il aura bien de la peine à atteindre la profondeur de ce que je suis, les plis et les replis de ma conscience évolutive sédimentée, l’amalgame des non-dits de mes pensées et du non-pensé de mes dires, la sinuosité des transports de sens et la vérité de mes mensonges.

jdauteuil

Auteur: jdauteuil

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Commentaires (7)

jasselin jasselin ·  02 mars 2010, 11:28:11 AM

Encore un billet fumant, quel style!

Comment gérer notre identité numérique?

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  02 mars 2010, 2:05:51 PM

Cet article que tu cites à la fin, est-ce qu'il vient de notre wiki? Sinon, ce serait bien que tu deviennes membre du Wiki et l'ajoute! Mais là, ça voudrait dire que tu laisserais encore des traces... Vas-tu le faire ou non?

Mais la question soulevée par jasselin demeure... Quelqu'un va tenter d'y répondre?

Gael PLANTIN Gael PLANTIN ·  02 mars 2010, 4:08:02 PM

L'identité numérique, le débat à la mode !

Personnellement, je considère qu'il est plus facile de gérer une identité numérique qu'une réputation fondée sur le bouche à oreilles.

L'identité numérique s'appuie sur des traces, le plus souvent des écrits, voire des photos, déposés volontairement sur le Web.

Concernant les photos, le droit à l'image permet de gérer les photos "volées". Celles qui se retrouvent exposées sur le Web résultent donc d'une action volontaire, je n'ose pas dire réfléchie, mais en tous cas, ce devrait être le cas.

Les écrits, par définition, relèvent d'une démarche de formalisation d'une pensée qui ne saurait être qualifiée d'involontaire.
Celui qui écrit sur le web le fait sciemment.

La sagesse populaire dit que "les paroles s'envolent, les écrits restent !".

Si chacun s'accordait un temps de réflexion supplémentaire pour réfléchir aux conséquences de ses écrits, son identité numérique s'en porterait certainement mieux : lorsque l'on rédige un billet détaillant la dernière péripétie en date de sa vie privée, on devrait avoir conscience de rédiger un écrit qui reste !

Quoiqu'il en soit, les caractéristiques des traces associées à l'identité numérique d'un individu facilitent la gestion de cette dernière, eu égard à l'imprévisibilité d'une réputation qui court de bouche à oreilles.

Quelque soit le média et l'époque, j'ai toujours rencontré des individus qui éprouvaient le besoin de raconter leur vie...
De mon point de vue, l'identité numérique est une avancée en ce sens qu'elle offre à l'individu l'opportunité de contrôler davantage l'image qu'il souhaite donner de lui-même !

Pascale Soucy Pascale Soucy ·  02 mars 2010, 4:10:08 PM

Il s'agit d'un texte très intéressant, incluant des citations très pertinentes. J'aime particulièrement l'introduction qui démontre que le fait ne pas avoir de compte Facebook ne veut pas dire que l'on n'a pas une identité numérique. Que les informations soient affichées de façon volontaire ou non, elles ont le potentiel d'affecter notre vie, de façon positive ou non.

Je pense donc que la première étape pour gérer son identité numérique est d'abord d'en être conscient.

Patrick Giroux Patrick Giroux ·  02 mars 2010, 5:05:25 PM

Bonjour M. Plantin,

Lorsque l'on initie des enseignants aux technologies, je crois que l'identité numérique est plus qu'un sujet à la mode. Je constate chaque trimestre que les gens distinguent vraiment leurs actions en ligne de celles de la vie "réelle". L'adjectif "vrituel" revient toujours et les conduit à penser qu'il n'y a pas de liens ou de conséquences. C'est encore plus important si l'on considère que ces enseignants vont former les plus jeunes à utiliser ces technologies intelligemment. Il m'apparait essentiel qu'ils soient au fait des problématiques touchant aux TIC.

J'aime bien votre référence à la sagesse populaire. Je vais conserver cet exemple très simple. Ça aide à comprendre.

Merci pour votre contribution. Plusieurs autres étudiants vont publier sur ce sujet au cours des prochains jours. Ce premier billet a, à mon avis, mis la barre assez haute! Au minimum, il a déjà su provoquer quelques réactions!

Gael PLANTIN Gael PLANTIN ·  02 mars 2010, 7:26:15 PM

Une illustration de mes propos : http://www.internetactu.net/2010/03... ?

jdauteuil jdauteuil ·  03 mars 2010, 5:20:17 AM

Je mettrai sur le wiki les documents de l'article que je mentionne dans l'article aussitôt que je reviendrai de vacances a Cuba non, je veux dire Toronto... en attendant, on peut télécharger l'article en PDF à partir de l'adresse suivante:

http://www.blog-en-nord.ed-producti...

Merci tous...

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